Salon Solutions e-Achats : Efficacité, conformité, souveraineté

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L’édition 2025 du salon Solutions e-Achats a réaffirmé l’importance du digital, pour réinventer les achats entre performance, résilience et indépendance. Dans un environnement chahuté, la fonction peut aujourd’hui s’appuyer sur des technologies de pointe pour asseoir son rôle stratégique, à commencer par l’IA et ses dernières avancées.

Peu de monde cette année dans les allées du salon Solutions e-Achats, et moins d’une dizaine de stands d’éditeurs spécialisés. Mais des conférences souvent bondées, signe que les enjeux du digital achats restent au cœur des préoccupations, au moins celles en rapport avec les problématiques d’actualité. Dans un contexte de tensions économiques, géopolitiques et réglementaires, les discussions ont convergé autour de trois priorités : gagner en efficacité, assurer la conformité et préserver la souveraineté. Avec, en toile de fond, une intelligence artificielle désormais omniprésente et évoquée dans quasiment tous les débats.

L’efficacité au cœur de la résilience des achats

Depuis 2020 et les perturbations liées à la pandémie, puis les crises qui se sont succédé, les directions des achats se trouvent aujourd’hui en première ligne. Comment en effet rester performant alors que les chaînes d’approvisionnement se fragilisent et que la pression sur les coûts s’intensifie ? C’est la question posée lors de la conférence d’ouverture, « Les achats digitaux, source de création de valeur et de réduction des coûts en période d’instabilité ». Les échanges ont souligné une conviction désormais partagée : la digitalisation n’est plus une option, mais un rempart contre la volatilité. « Malgré la pression supplémentaire qu’on leur impose ces dernières années, pour gagner en agilité et en résilience, les direction achats peuvent continuer à assurer le quotidien et créer de la valeur en automatisant les tâches répétitives et en exploitant mieux la donnée », a expliqué le directeur général d’un des principaux éditeurs sur le marché français. Un point de vue partagé par le directeur R&D et innovation d’un autre éditeur, intervenant lors de la conférence : « Pour rester pleinement opérationnels sur leurs missions dans cet environnement perturbé, tout en étant capables d’anticiper des événements et de réagir, les achats doivent pouvoir s’appuyer sur le digital pour améliorer la visibilité sur leurs fournisseurs et leurs processus ». 

La conformité, un enjeu stratégique pour les acheteurs

Mais l’efficacité ne suffit plus : les acheteurs doivent aussi composer avec un environnement réglementaire de plus en plus dense. Face au durcissement des obligations, de la directive CSRD (reporting extra-financier) à la réforme de la facturation électronique, la fonction achats devient un acteur clé du pilotage de la conformité. Pour respecter les nouvelles exigences en matière de RSE (responsabilité sociétale) par exemple, les outils digitaux facilitent la traçabilité, la centralisation des preuves et la prise en compte des critères dès la sélection des fournisseurs. Quant à la généralisation de la facturation électronique, elle doit être perçue comme un levier d’efficacité, pour accélérer les traitements et réduire les coûts, et non pas comme une contrainte. Si la centaine de participants à la conférence « Dernières actualités fiscales et points de vigilance » en lien avec la réforme 2026 avait de quoi rassurer sur l’intérêt des entreprises pour le sujet, les questions posées étaient plutôt inquiétantes, laissant transparaître une certaine méconnaissance et un retard alarmant à moins d’un an de l’échéance.

La souveraineté, nouvelle priorité des achats

Enfin, au-delà de la conformité, les achats s’affirment désormais comme un pilier de la souveraineté. Comme pour certains aspects de la RSE, « aucune loi n’impose la souveraineté », a rappelé Alexandre Diehl, avocat au sein du cabinet Lawint. Mais dans un monde fragmenté et un contexte de dépendances multiples, elle s’impose comme une notion centrale et s’invite au cœur des stratégies achats. D’ailleurs, « la souveraineté des achats ne commence-t-elle pas par celle de leurs outils ? », se sont interrogés les intervenants, et par « la nécessité d’un meilleur contrôle des données achats, souvent hébergées hors d’Europe ». Au-delà de ces choix technologiques propres à la fonction, les solutions digitales peuvent apporter une aide au moment de choisir n’importe quel produit ou service. Une solution achats permet de décliner la stratégie de l’entreprise, de faire évoluer les pratiques et d’orienter les choix en s’appuyant sur une meilleure capacité à mesurer, analyser, décider et piloter. Cette recherche d’autonomie n’est pas une posture défensive : c’est une condition de compétitivité durable pour anticiper les risques, sécuriser ses activités et renforcer son indépendance.

L’intelligence artificielle, moteur de la transformation

Outre ces enjeux d’efficacité, de conformité et de souveraineté, un autre sujet était omniprésent dans les débats : l’intelligence artificielle, comme levier transversal de performance et de maîtrise. Dans ce domaine, l’IA générative, déjà adoptée pour rédiger des cahiers des charges ou analyser des contrats, laisse déjà sa place à une nouvelle génération d’outils : les agents IA, capables d’analyser des données en continu et de déclencher des actions. Les débats de la conférence « Les agents IA, prochaine révolution des achats » ont montré comment ces assistants autonomes et interactifs promettent des gains de temps considérables et une aide à la décision inédite. « Dans le prolongement de l’IA générative, ces agents apportent une dimension proactive », ont expliqué les trois éditeurs invités à échanger, en exposant quelques cas d’usage : création d’une commande à partir d’un devis, gestion des étapes lors de l’enregistrement d’un fournisseur, veille marché, analyse des contrats, etc. « Cette étape est une véritable révolution », a insisté l’experte du sujet chez un de ces éditeurs, tandis qu’un de ses confrères conseillait aux nouveaux acheteurs de « passer directement à ces outils d’IA, en évitant Excel ».

A travers ces tendances, le salon 2025 aura ainsi confirmé la transformation profonde de la fonction achats. Face à la complexité des enjeux économiques, réglementaires et technologiques, le digital s’impose comme un partenaire stratégique : il sécurise les opérations, renforce la conformité et soutient la souveraineté. Et l’IA s’impose comme le moteur de cette mutation, en faisant de l’acheteur un stratège augmenté. Avec une éternelle interrogation, relancée lors de la conférence de clôture : le métier existera-t-il encore demain ?